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Margens Atlânticas

Dernière mise à jour : 12 avr. 2023

Margens Atlânticas, inscrit dans la Saison France-Portugal 2022, a conjugué en septembre 2022, à Lisbonne, deux événements parallèles. L'exposition dans l'Espace Espelho d'Água a présenté un dialogue entre la peinture de Francisco Vidal et les films d'Ariel de Bigault. Parallèlement, la Cinemateca Portuguesa – Museu do Cinema a programmé une Mostra de tousles films de la réalisatrice.


L'exposition : oeuvres de Francisco Vidal, inspirées des films d'Ariel de Bigault, et

installations-vidéos de la réalisatrice. L'exposition dessine un parcours dans les mémoires et les vécus afro-lusophones, en mettant en valeur des personnalités, des situations, des productions artistiques des deux rives de l'Atlantique.



Exposition


Marges et Utopies est né de la rencontre entre Francisco Vidal, artiste angolano-capverdien qui explore les identités africaines et diasporiques et Ariel de Bigault, réalisatrice française qui travaille depuis des décennies dans l'espace lusophone – Portugal-Brésil-Afrique.


Depuis vingt ans, l'oeuvre de Francisco Vidal, centrée sur l'Afrique et ses diasporas, interroge les narrations et les identités, portée par une dynamique d'inspirations multiples. Elle questionne les histoires du passé colonial et leurs conséquences sur nos sociétés contemporaines, sans rien oublier des conflits et des violences. Ses dessins et ses peintures projettent différents personnages, notamment des artistes, dans des dialogues au-delà du temps et des frontières. S'inspirant parfois de situations, de déclarations et de mots d'ordre, il met en images de nouvelles narrations. Ses gestes artistiques tissent souvent des dynamiques reliant des artisanats avec des formes urbaines hybrides.


La majeure partie des films et des réalisations d'Ariel de Bigault porte depuis trente ans sur les artistes et les cultures africaines, afro-lusophones, afro-brésiliennes et afro-européennes. Nombre de ces travaux, réalisés parfois dans des circonstances difficiles, ont été précurseurs, promouvant la reconnaissance, notamment en Europe, de ces expressions issues des colonisations et des luttes, des exils et des migrations, de rencontres et de mélanges. Les réalisations tissent des trames d'idées et de créations, insérées dans des parcours singuliers, historiques et culturels. Pour chacune d'elles la réalisatrice suscite des rencontres entre les protagonistes, crée des situations, dessine des perspectives et des dynamiques.


Leurs parcours différents présentent de nombreux points de convergence.


Les cultures africaines et afro-descendantes, l'esclavage et la colonisation, les luttes de libération et les indépendances, les diasporas sont des thèmes récurrents dans les oeuvres de l'un et de d'autre.


Leurs réalisations naissent bien souvent de rencontres avec des personnalités, des situations, des expressions. Ces regards et ces dialogues sont les matrices de leurs dynamiques de création.

Le regard sur des personnes connues ou anonymes, l'attention aux singularités, les mises-en-scène placent les personnages en situations tout en les projetant vers de plus amples perspectives; les dynamiques artistiques renvoient au hors champ / hors cadre; les traitements soulignent les impulsions vitales.


Tous deux entretiennent une relation extrêmement forte avec les musiques noires, urbaines africaines, afro-américaines, afro-brésiliennes et leurs diverses variantes. La musiques est respiration, rythme, vie, pulsation.


Marges et Utopies : les peintures dialoguent avec les films.




Les peintures de Francisco Vidal, de grands formats, s'inspirent de scènes de films d'Ariel de Bigault, et projettent les personnages et les histoires au-delà du temps et de l'espace filmiques, dans une dynamique de dialogues avec d'autres personnages, des mémoires, des images, des émotions. L'artiste utilise le dessin et la peinture pour explorer des moments comme s'il faisait un story-board “post-film”. L'objectif est de “comprendre comment la frontière entre le film et le dessin peut devenir un pont et un outil pour en finir avec les murs.


Au centre de la salle de l'exposition, Francisco Vidal a installé le Musée Afro Lisboa, une tente africaine, de 16 m2, faite de tissus colorés qui filtrent la lumière. À l'intérieur de la tente, des dessins et des totems de l'artiste; ainsi que de grands coussins confortables qui font face à deux téléviseurs équipés d'écouteurs individuels sur lesquels passent des montages d'extraits de films, réalisé par Ariel de Bigault.


Les deux séries Des Marges... et Afro-atlantique réunissent des scènes de films et des séquences inédites, tournées sur trois continents à différentes époques. À l'extérieur de la tente, dans la salle d'exposition, un troisième moniteur diffuse une Play List de séquences musicales d'artistes africains et afro-lusophones, issues des films.


En jouant avec les attitudes et les visages, les contextes et les temporalités, l'exposition dessine des circulations entre des artistes et des patrimoines, suggère des interactions visuelles et musicales, ébauche de nouvelles narrations.


Lisbonne, Rio de Janeiro, Luanda, Salvador da Bahia, Praia. Des héros et des luttes. Des dialogues transatlantiques. Des échos de conversations et de musiques. Des attitudes et des gestes qui se répondent. Des connexions réelles et virtuelles par delà les mers et les ans.



Francisco Vidal


Je voudrais développer le concept de story-board après réalisation, en contrepoint de celui qui est fait pendant la préparation. Le story-board est un outil de construction. En faisant un story-board après réalisation, je vais mieux définir ma propre lecture des films. Le sill de l'actrice et historienne Isilda Hurst est important; en effet, à la phrase, dite par le rapper mozambicain General D em 1996, “Lui c’est um leader africain”, qui fait référence a Amilcar Cabral, l'acteur Orlando Sérgio et l'écrivain José Eduardo Agualusa, répondent par une interrogation: les afro-descendants qui vivent à Lisbonne connaissent-ils les personnages de leur histoire et de leur culture?


Cette question demeure aujourd'hui, et la réponse n'est pas tellement différente de celles de 1996. Faire en 2022 une lecture de films, par la peinture, est pour moi important car cela me permet d'étudier: Qu'est-ce que l'image et la pensée contemporaines dans les espaces où se pratique la convivialité entre diverses cultures et formes de comprendre le monde? Ces zones frontières sont souvent physiques mais aussi des espaces de temps et de capacité mémorielle. Comme le fut le passage d'un siècle à l'autre et d'un millénaire à l'autre.


Sommes nous tous contemporains? Je pense que c'est la vraie question, alors que nous nous trouvons à nouveau, en ce début de XXIe siècle, à la veille d'un conflit mondial entre cultures, sous influence des contributions et des destructions du XXe.


Comment pouvons-nous construire des objets qui nous permettent d'évoluer vraiment?


Dans les films d'Ariel, on voit ce qu'elle construit: elle propose des liens entre des personnages, et les films sont les espaces de rencontres entre diverses personnes qui contribuent à dessiner notre histoire contemporaine réelle et consciente.


C'est cet outil très fort de la réalisation que je veux étudier, en dessin et peinture, pour le souligner et le mettre en valeur, comme un outil de construction pour le futur. Car ce sont ces armes qui permettent de mettre fin aux guerres et aux conflits.


C'est avec une grande admiration que j'écris ces mots et que je me propose d'étudier les films d'Ariel. Je veux d'une part les étudier mais aussi travailler avec elle pour cette exposition. Aussi car je souhaite mieux saisir la frontière entre film et dessin.


Ou comment la frontière se transforme en pont et en moyen d'en finir avec les murs.


Les oeuvres de Francisco Vidal et d'Ariel de Bigault effacent les marges dans lesquelles sont souvent maintenues les créations afro-lusophones. La dynamique spatiale, visuelle et audiovisuelle de l'exposition ouvre à des dialogues entre diverses pratiques artistiques et entre les créateurs et les publics.


Marges et Utopies propose des archives de mémoires futures : des personnages, des attitudes, des idées qui nous unissent dans la construction du présent et du futur.



Ariel de Bigault


La rencontre avec Francisco Vidal a été très importante. Son regard m'a aidée à dessiner une perspective d'ensemble de mon travail.


Ses œuvres comme mes réalisations naissent souvent de rencontres avec des personnes, des situations, des expressions artistiques, culturelles et sociales. Cette dynamique de recherches et de dialogues ainsi que la construction du regard sont essentielles pour moi comme pour lui. Dans les œuvres de Francisco, comme dans mes films, les personnages sont des héros, qu'ils soient célèbres ou inconnus.


Nos parcours et nos travaux montrent que, consciemment ou pas, nous travaillons tous deux à des post-mémoires inédites : des archives de mémoires à venir. Cela fait des décennies que l'un et l'autre nous peignons ou filmons des militants, des travailleurs, des artistes, connus ou anonymes, qui contribuent à la construction de notre présent et de notre futur communs en Afrique, au Brésil, en Europe.


La tente africaine – ébauche d'un Musée Afro-Lisboa - crée un espace intimiste pour des mémoires et des dialogues de vécus partagés.


Trois téléviseurs – un dans la salle et deux à l'intérieur de la tente – présentent trois séries vidéos. Chacune est composée de séquences extraites des films ou inédites, tournées sur trois continents, au cours de ces trente dernières années. Le montage souligne les échos et les dialogues entre les artistes ainsi que les mouvements culturels, mettant en évidence les correspondances entre les interrogations, les aspirations, les attitudes des africains et des afro-descendants au Brésil et en Europe.


Dans la tente, deux séries : Des Marges... met en valeur les dynamiques créatives que les communautés et les artistes noirs ont lancées ou lancent à partir des “marges” où ils étaient ou sont encore cantonnés vers les “centres” des villes, des pouvoirs, et des cultures. Afro-Atlantique souligne les liens entre diverses affirmations de la conscience et de la fierté noires sur les rives de l'Atlantique.


Dans la salle, la Play List présente une série de scènes musicales d'artistes afro-brésiliens, africains, afro-européens, mettant en évidence la richesse et la pluralité des sons afro-lusophones et transformant la salle d'exposition en un espace de convivialité et de dialogues.


Le dialogue créatif entre Francisco et moi se poursuit. Nous voulons explorer d'autres facettes de cette dynamique visuelle, audio-visuelle, culturelle. Et ouvrir le projet à des rencontres et des dialogues avec des interprètes et des créateurs afro-européens.

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