

MARIZA
Chanteuse

CARLOS BURITY
Chanteur / Compositeur
Carlos Burity est l'un des personnages principaux du film CANTA ANGOLA.
Né en 1950 à Luanda, dans le Bairro Operário, entre le centre-ville colonial blanc et la périphérie prolétaire et africaine, sa famille fait partie de cette classe moyenne - professions libérales, fonctionnaires et artisans -. que le pouvoir salazariste cherche à marginaliser. Le grand père d’origine brésilienne possède quelques terres, le père est vétérinaire. Dans le quartier vivent aussi des ouvriers, des employés et des domestiques. Dans les bars, les restaurants, les salles de bals, les maisons de passe naît une culture urbaine où la musique tient la première place. C’est dans le Bairro Operário que Liceu Vieira Dias, Domingos Van Dunem, Nino Ndongo et les autres fondateurs du Ngola Ritmos se retrouvaient pour jouer à la guitare et aux percussions des chansons traditionnelles.
Les musiques luandaises syncrétisent les traditions africaines, la domination portugaise, les influences atlantiques (Brésil et Caraïbes). Luanda, fondée à la fin du XVème siècle par les navigateurs lusitaniens, connait au cours des années 50 une très forte croissance due à l’essor économique de l’Angola, alors la plus riche province de l’Empire Portugais. C’est à cette époque que commencent à s’affirmer les musiques urbaines de la capitale. Dans les quartiers Marçal, Bairro Indigena, Bairro Popular, où habite par la suite sa famille, Carlos retrouve cette ambiance conviviale de brassage culturel et social. À travers la joie de la fête et le plaisir de la danse s’expriment des aspirations populaires et se dessinent les nouveaux traits de l’Angola. En 1961, les mouvements indépendantistes commencent la lutte armée contre le pouvoir colonial portugais.
Le Carnaval est la grande fête populaire. Chaque quartier invente ses danses à partir de rythmes kimbundus. L’oncle de Carlos fait partie du Kabokomeu, l’un des plus célèbres groupes, et toute la famille participe au carnaval. Le père joue très bien la guitare mais ne permet pas à ses fils d’y toucher. Carlos s’en bricole une avec un bidon d’huile et des fils de pêche et accompagne les serenatas des capverdiens. Il fréquente l’école de la Liga Africana, le bastion de l’affirmation de l’identité angolaise, de ses langues et de ses traditions face à la domination portugaise. “Mais, quand mon père se rendit compte de mon goût immodéré pour la musique, il décida que je ne devais pas rester à Luanda et m’a fait venir à Moxico (est du pays) où il vivait.” Carlos est recruté par le groupe local. “Ils ont commencé à jouer une musique brésilienne que je connaissais, puis j’ai interprété un tango de Carlos Gardel. Et j’ai été retenu.”
Pendant les vacances, il retrouve la capitale et son effervescence musicale. Dans les salles de bals jouent des groupes de jeunes qui inventent le semba moderne. Carlos monte parfois sur scène à leurs côtés. Son père capitule et lui fait prendre des cours avec la grand guitariste Catarino Barber. Lorsque Carlos revient définitivement à Luanda, il fréquente les clubs comme l’União de São Paulo, il y interprète des musiques à la mode - sambas, boleros, merengues - et commence à chanter en kimbundu”ce qui ne faisait pas toujours bon effet dans une certaine bonne société”, et surtout des sembas.
Le semba du début des années 70 s’inspire des premières musiques urbaines créées par le Ngola Ritmos, Liceu Vieira Dias et d’autres musiciens des années 50. Les percussionnistes comme Joãozinho Morgado, Massano et Mangololo créent des sembas en combinant divers rythmes de danses de carnaval. Les guitaristes comme Duia, Zé Keno, Marito, Baião et bien d’autres inventent des lignes mélodiques qui s’inspirent des créations de leurs aînés mais aussi de la virtuosité des bakongos - angolais du nord -, ou zaïrois. Les influences caribéennes sont naturellement intégrées dans le traitement des rythmes d’origine kimbundu. Les interprètes mêlent les accents des bessanganas, détentrices de la tradition, et les modes de variétés brésiliennes et cubaines. Les auteurs chantent la vie quotidienne et les aspirations populaires.
C’est dans ce creuset musical qu’éclôt le talent de Carlos Burity et qu’il affirme son originalité. Il reste à l’écart du mouvement révolutionnaire qui suit l’indépendance en 1975. En même temps qu’il travaille à la compagnie aérienne TAAG, il chante et enregistre avec les Kiezos. Especulador (Spéculateur) donne la parole à un enfant qui cire des chaussures et vend des journaux pour vivre. “Par ta faute, je suis Zé da graxa (José le cireur)/ visage d’enfant, personnalité d’adulte / si je ne travaille pas, qui me donnera à manger?”. Ce semba-canção est un succès mais les paroles ne sont pas appréciées en haut lieu et les disques sont détruits. Maria da Bicha, qui parle des femmes obligées à faire des heures de queue pour obtenir des aliments, est aussi jugée un peu trop critique.
Depuis l’indépendance en 1975 et jusqu’aux élections de 1992, l’Angola vit de longues et terribles années d’affrontements armés entre le MPLA dirigé par Agostinho Neto puis José Eduardo dos Santos, soutenu par Cuba et le bloc de l’Est, et l’Unita de Jonas Savimbi, soutenu par l’Afrique du Sud, les États Unis, le Zaïre et divers pays africains et européens. Les conflits ravagent le pays. L’exercice de la musique dépend des aides du gouvernement dirigé par le MPLA. Les artistes ont peu l’occasion d’enregistrer mais quelques groupes jouent régulièrement.
Les Merengues, groupe formé en 1974 par Carlitos Vieira Dias, fils de Liceu Vieira Dias, et par quelques uns des meilleurs musiciens de l’époque comme Joãozinho Morgado et Zé Keno, rénove la grande tradition du semba par une conception sonore et une instrumentation plus modernes. C’est avec eux que Carlos Burity enregistre en 1976 son premier grand succès Manazinha. En 1983, il fait partie de la tournée Canto Livre de Angola au Brésil. Il y rencontre Martinho da Vila et la RCA l’invite à rester. Il doit cependant repartir avec la délégation angolaise. Il devient le chanteur principal du Semba Tropical qui enregistre à Londres en 1986. Puis Carlos Burity forme la Banda Welwitchia qui accompagne Ngola Ritmo, son premier 33 T (1990, réédité en CD en 1994 sous le titre Ilha de Luanda), puis Carolina (1992). Le capverdien Paulino Vieira joue des claviers et collabore aux arrangements. Massemba (1996) et Uanga (1998), enregistrés avec des musiciens de Luanda et de Lisbonne, affirment avec force la modernité du semba et la capacité des musiques populaires angolaises à s’ouvrir à de nouveaux métissages.
En Angola, en 2001, la guerre continue de tout détruire. À la périphérie de Luanda des centaines de milliers de réfugiés tentent de survivre. Carlos Burity ne quitte pas sa ville qui compte sans doute aujourd’hui près de quatre millions d’habitants. Au milieu de l’effondrement économique et des tensions sociales, il n’y a plus guère d’espace pour les spectacles et les fêtes. Carlos Burity fait partie de ceux qui résistent, animé autant par ses convictions que par le plaisir de chanter son pays. Il est un des personnages principaux du film CANTA ANGOLA
Ariel de Bigault
Livret de Giginda édité par Mélodie (2001)


PAULO FLORES
Chanteur / Poète
Paulo Flores est l'un des personnages principaux du film CANTA ANGOLA
Auteur-compositeur prolifique, il embrasse la profusion musicale de son pays pour la projeter au diapason des vibrations du monde. Sa singularité créative est constamment renouvelée par les échos de la vie et les connexions avec divers lieux de notre planète. L'intimité individuelle est traversée par les cris de douleur et de joie de l'humanité.

Paulo Flores est depuis plus de vingt ans un artiste majeur, immensément populaire en Angola et très aimé par les publics de langue portugaise. EXCOMBATENTES Redux ce sont 15 titres extraits de la trilogie Viagem, Sembas, Ilhas. que Paulo a réalisée entre Luanda, Rio de Janeiro et Lisbonne, avec des musiciens de l'Angola, du Brésil, du Portugal et de pays africains de langue portugaise. C'est la treizième production discographique de Paulo Flores. Cette œuvre de maturité reflète la diversité de ses inspirations. Authentique artiste du XXIème siècle, il s'empare d'éléments de la tradition de son pays, les pare d'arrangements sophistiqués et d'impulsions africaines et afro-américaines pour forger son répertoire, intime et contemporain.
"Maravilhoso 1972" Si cette année 1972 est merveilleuse, ce n'est pas - seulement - parce qu'elle est celle de la naissance de Paulo Flores, mais parce qu'elle fut celle de l'âge d'or de la musique angolaise. Les guitaristes et les percussionnistes d'Angola avaient été, dans les années 60, les artisans, aux côtés des congolais, des nouvelles danses de l'Afrique indépendante. En 1972, tandis que les combattants du maquis affrontent l'armée portugaise, les chanteurs des musseques (quartiers) de Luanda sont les voix du peuple angolais. Son père, Cabé Flores, DJ, programmateur et producteur, lui fait écouter les grands hits de l'époque: les chanteurs stars Artur Nunes, Sofia Rosa, Urbano de Castro, David Zé, (auteur de Rumba Nza Tukiné), tous quatre assassinés en 1977; la virtuosité du doigté sur les cordes, le cadencement de la guitare basse, le battement sourd des batuques, toute la magie du semba de Luanda. C'est aussi grâce à Cabé qu'il découvre le blues et la soul, les sambas, les rumbas et les merengues. Au bout de la nuit, au fond de la salle de bal, le petit garçon s'endort, tout près de son père, au son de Muddy Waters.
Je vivais dans une minuscule maison
Si minuscule que presque personne ne tenait dedans
J'étais bien plus heureux à 20 ans mais je ne le savais pas
(Maravilhoso 1972)
Plusieurs titres (Maravilhoso 1972, Gepê, Fela no Maritimo da Ilha) évoquent l'Angola de son adolescence. Dans les années 80, quand les affrontements armés entre les deux grands partis déchiraient les provinces, la capitale Luanda était enclavée, coupée du reste du monde, on vivait modestement, le quotidien était âpre. Il y avait "l'obligatoire couvre feu obligatoire". Les fêtes, notamment celles du dancing Maritimo da Ilha, avaient alors un goût intense, avec la famille, les amis, et les petites amoureuses.
Aujourd'hui c'est vendredi et je rentre à la maison lessivé
Mais je vais lui téléphoner et on ira danser ce soir
Le Semba le Semba le Semba
(Maravilhoso 1972)
À 17 ans, Paulo fut la star de la kizomba, une danse joyeuse inventée avec son ami Eduardo Paim et qui enthousiasma la jeunesse angolaise et portugaise. Mais le jeune homme ne se laissa pas étourdir par le succès et partit en quête d'un autre son. Il compose alors des mélodies, légères et vibrantes, pour dire les émotions, les peines et les joies du quotidien. Avec les "kotas" (anciens), comme l'immense guitariste Carlitos Vieira Dias, Paulo Flores explore l'authenticité de cette pulsation sur laquelle les guitares chantent en tons mineurs. Il reprend des titres célèbres et compose "ses" sembas, construisant un pont entre sons traditionnels et contemporains: Maravilhoso 1972 et Caboledo, où l'on entend les percussions traditionnelles du groupe Nguami Maka. C'est la voix de l'âme, qui danse sur une terre gorgée de larmes et sourit face au ciel incertain.
Dans mon pays il y a des peines et des rĂŞves
Il y a la souffrance d'un enfant qui tait
La douleur dans sa poitrine à la tombée de la nuit
(Caboledo)
À cette renaissance du semba, il associe trois générations de guitaristes, les virtuoses des années 70 - Boto Trindade, Tedy Nsingui - et leurs dignes héritiers comme Pirica Duya.
Je suis du Maritimo da Ilha c'est lĂ que je vais
Au-delĂ du fatidique au-delĂ de l'infini
Je suis du fin fond de l'île je suis accolade explicite
Je suis temps
(Fela no Maritimo da Ilha)
Excombatentes…. Dans le quartier où Paulo habite aujourd'hui, les rues portent des noms de "commandants" qui luttèrent pour l'indépendance (Hoji ya Henda est l'un d'eux). Mais il n'entonne pas de chant guerrier à la gloire des vétérans. Les "Ex-Combattants" de Paulo, ce sont les millions d'Angolais qui ont survécu durant 40 ans dans un pays en état de guerre: les combats contre le colonialisme portugais furent suivis, après l'indépendance en 1975, par les affrontements entre les deux grands partis, soutenus par des puissances étrangères attirées par les richesses du pays. La paix ne fut scellée qu'en 2002. La musique est un creuset de résistance, une expression de vie et d'espoir.
Cette douleur que j'ai est cette douleur que j'ai
C'est lĂ d'oĂą je suis c'est lĂ d'oĂą je viens
C'est la foi que je donne
Simplement autre ou sur une autre mélodie
Ou ma mère ou ma ville
Temps pour l'amour temps pour la liberté
Cette fleur ce besoin
D'inventer l'amour
Parle moi parle moi
Parle moi d'amour oh parle moi d'amour
(Parabolica)
À partir des cellules rythmiques et mélodiques traditionnelles, Paulo Flores compose à la guitare des formes extrêmement modernes, ensuite enrichies d'arrangements très étonnants. Il a l'art de réunir autour de lui des musiciens aux styles très divers; de l'alchimie des talents, il forge une dynamique harmonieuse. Le multi-instrumentiste Ciro Bertini est un complice de longue date; le percussionniste João Ferreira, le bassiste Geremias Galheta, le batteur Hélio Cruz sont des musiciens, très versatiles, de la nouvelle génération.
Oh mon pays chéri ma vie plus que bien aimée
Oh ma mère aimée
Oh ma wanna be si frénétique émancipée
(Emancipada Terra)
Sur le ton de la complainte, en mélodie chaloupée, ou sur un rythme dansant, ses mots saisissent des images furtives de fête et d'amitié, de tragiques flashs de misère et de violence, des séquences tendres et intimes. Paulo Flores a forgé un style personnel dont les facettes différent selon la dynamique mélodique. Il joue avec les sonorités et les double sens. Sa langue portugaise est riche de mots de kimbundu et du parler de la jeunesse.
Je suis l'eau de la casserole ma consolation ce sont ses yeux Ă elle
Ă€ dire vrai je suis manque
Je suis du ghetto du manioc je suis des brochettes
Mes enfants sont toujours dans les ordures
Ma maison est toujours dans les ordures
Je ne supporte pas de rat ni d'égout
Ni non plus les promesses de notre démocratie
Un jour viendra un jour viendra
OĂą moi avec les autres serons heureux de mon pays
(Ser da Lata)
Paulo lance des cris d'alerte et de révolte contre l'injustice et la brutalité d'un système prédateur qui contrôle les richesses et la société. "Je voudrais être modestement la voix de ceux qui n'en ont pas". Il est depuis 2007 Ambassadeur de bonne volonté de l'ONU. Sa créativité musicale et sa générosité artistique ont conquis les cœurs de plusieurs générations qui se pressent par dizaines de milliers dans ses concerts.
Camarade Kill Bill je suis sur la route je suis dans la marée
Avec la génération de la cocaïne la génération Afghanistan
Explicite
Camarade Kill Bill
Kill Bill et tout le voisinage
(Camarada Kill Bill)
Par la grâce des antennes paraboliques, le monde est entré dans les kubikos (maisons). Les cris de Babel se mêlent aux plaintes des voisins, les célébrations planétaires se greffent sur le quotidien de la lutte pour la survie, les clichés des rich and famous collent aux robes. Paulo dit sa perplexité directement connectée avec des angoisses entendues sous d'autres latitudes.
Cela fait longtemps maman cela fait longtemps je crois encore en notre génération
Je n'ai pas peur de la forme ni des plans de l'homme nouveau
Angolais
Et j'admire la noblesse de la vieille drapée dans ses tissus
Dans le silence des rues étroites du Marçal
J'ai juste peur d'être mangé dévoré avalé
Dépassé dans ce nouveau XXIème siècle
(Maravilhoso 1972)
Quand mon Amour me couvre de baisers
Elle roule dans mon ventre mange mon pain
Embrasse ma bouche marche sur mon sol
(Meu Amor quando me beija)
Les accents brésiliens de certains titres viennent de loin. Les peuples de l'Angola décimés, martyrisés, enchaînés donnèrent corps et âmes à la construction du géant brésilien chez qui l'on retrouve leurs voix, leurs traditions, leurs danses, leurs musiques, leurs religions, leurs langues. Paulo transforme cet héritage en dialogue atlantique. Incarné ici par la présence sur plusieurs titres du violoncelliste Jaques Morelenbaum et aussi du percussionniste Marcos Suzano. Et par l'hommage à Vinicius de Moraes (Samba em Prelúdio). Ce duo avec la capverdienne Mayra Andrade ne doit rien au hasard ni au calcul mais tout à l'amitié et à la complicité.
Les chants et les danses du Cap Vert et des autres pays africains autrefois colonisés, comme l'Angola, par le Portugal, font partie de la vie de Paulo depuis toujours. À Lisbonne, à Luanda, à Mindelo ou à Bahia, il joue et chante avec les grands artistes de la lusophonie. L'intrépide virtuose Manecas Costa, de la Guinée-Bissau, est un partenaire régulier de défis guitaristiques.
Les Afriques
les pleurs, les après-midi, les nuits, les étoiles, la route, les déserts,
les espérances et les piqûres, les morsures
Des pulsations, venues de toutes les Afriques, sont au coeur d'un accord de guitare, dans un écho de basse, dans une modulation, dans un élan, dans des noms brandis comme des étendards. L'Afrique que le "premier monde" n'entend pas. Paulo nous communique son énergie de la survie et de la création au quotidien. Et nous rappelle qu'elle est la matrice du grand mix de la sono mondiale.
Et je chante de mémoire avant que je n'oublie
Que je ne suis pas nord américain d'origine
Oh fille étrangère oh ma palestine
Oh bombe atomique là -bas en Corée
MĂŞme Nierere oh mon panafricanisme
Personne n'a écouté notre chanson
(Diarabi)
Ariel de Bigault Livret Ex-Combatentes Redux

MARYA ANDRADE
Chanteuse

JOSE EDUARDO AGUALUSA
Ecrivain / Journaliste

José Eduardo Agualusa est un des personnages principaux du film MARGEM ATLANTICA.
Né en 1960 à Huambo, Angola, José Eduardo Agualusa [Alves da Cunha]est un écrivain et journaliste angolais. Il vit entre l'Angola, le Brésil et le Portugal.
Ses livres ont été traduits dans plus de 25 langues. Jusqu'à présent six livres ont été traduits et publiés en français:
La saison des fous (2003, Gallimard. Orig.: Estação das Chuvas)
Le marchand de passés (2006, Métailié. Orig.: O Vendedor de Passados)
La guerre des anges (2007, Métailié. Orig.: O Ano em que Zumbi Tomou o Rio)
Les femmes de mon père (2009, Métailié. Orig: As mulheres do meu pai)
Barroco tropical (2011, Métailié. Orig: Barroco Tropical)
Théorie général de l'oubli (2014, Métailié. Orig: Teoria geral do esquecimento)
Il a également écrit quatre pièces de théâtre : « Génération W », « O monólogo», « Chovem amores na Rua do Matador » et « A Caixa Preta»; les deux dernières ont été écrites avec l'écrivain mozambicain Mia Couto. Il a reçu trois bourses littéraires. La première en 1997 du Centro Nacional da Cultura pour la rédaction de « Nação crioula » (Nation créole). La deuxième lui permit un séjour de trois mois à Goa en 2000 où il écrivit « Um estranho em Goa » (Un étranger à Goa). En 2001 le Deutscher Akademischer Austausch Dienst l'invita à Berlin pour un séjour d'une année, pendant lequel il rédigea son roman, « O Ano em que Zumbi Tomou o Rio » (Fr.: « La guerre des anges »).Début 2009 il fut invité en résidence d'auteur par la ville d'Amsterdam, une initiative commune de la Fondation néerlandaise pour la littérature et de la Fondation pour la production et la traduction de littérature néerlandaise. C'est ici que naquit son roman « Barroco tropical ».
Dernier livre publié « Rainha Ginga » édité par Quetzal (Portugal).

PAULO MOURA
Compositeur / Musicien

Paulo Moura est l'un des personnages principaux de la série ECLATS NOIRS DU SAMBA.
Grand musicien, multi-instrumentiste, compositeur, arrangeur, chef d'orchestre, Paulo Moura multiplie les rencontres avec des musiciens de formations et d’origines différentes tout en restant très attaché aux musiques populaires urbaines. Il nous guide avec plaisir dans son répertoire éclectique qui parcourt Rio de Janeiro du Nord au Sud. Le saxophoniste passe avec aisance et légèreté d’un duo classique à un bal de gafieira, d’un solo de jazz à un pagode de quartier, d’une répétition d’école de samba à un chorinho. Paulo Moura, musicien aux multiples talents, se révèle aussi comme un créateur alchimiste, savant adepte des mélanges et des dynamiques humaines et musicales.


ZEZE MOTTA
Comédienne / Chanteuse
Zézé Motta est l'un des personnages principaux de la série ECLATS NOIRS DU SAMBA.
Actrice célèbre et aimée, Zézé Motta incarne, depuis son interprétation inoubliable de “Chica da Silva”, esclave affranchie et reine éphémère, un symbole de femme noire audacieuse, libre, moderne...
Zézé est une artiste aux multiples facettes. Une chanteuse au talent singulier et émouvant dont le répertoire - Gilberto Gil, Chico Buarque, Caetano Veloso, Luiz Melodia - exprime la force de sa personnalité. Engagée aux côtés du Mouvement Noir et des groupes qui à Rio de Janeiro et à Salvador da Bahia dénoncent le racisme de la société brésilienne, elle se trouve naturellement parmi les acteurs qui s’opposent à la marginalisation des noirs, notamment au cinéma et à la télévision. Zézé Motta est une artiste, une personnalité, un personnage d’exception qui traverse le cinéma, la musique et la société brésilienne.


GRANDE OTELO
Comédien
Première Star noire du Brésil, immense acteur comique et dramatique, il joua l' acolyte indispensable du blanc dans les chanchadas, le sambiste au destin tragique (Rio Zona Norte N.P. dos Santos.1957), le bandit de favela (Assalto ao Trem Pagador. R. Farias. 1962), le noir devenu blanc Macunaïma (J.P de Andrade.1969). Il incarna le génie brésilien, unique et multiple, complexe et contradictoire, démesurément humain et visionnaire, inégalé.
Sebastião Bernardes de Sousa Prata, dit Grande Othelo, est né le 18 octobre 1915 à Uberlândia, dans le Minas Gerais (Brésil) de père inconnu. Il est mort le 23 Novembre 1993 à Roissy. Immensément populaire, il joua dans une centaine de films sans compter les rôles au théâtre et à la télévision… Cette courte notice biographique ne figure dans aucun dictionnaire. Et pourtant.....!
Sa vie est un magnifique scénario. Par exemple celui d'un “biopic” hollywoodien où apparaîtraient Joséphine Baker, Nat King Cole, Orson Welles, Werner Herzog, Henri Salvador et de célèbres brésiliens : Jorge Amado, les sambistes Donga et Paulo da Portela, les grands cinéastes ainsi que Chico Buarque de Holanda et Gilberto Gil. Il y aurait de la samba, des reines du carnaval, des favelados, des escrocs et des amis au grand coeur, des étoiles et des nuits noires, du rire et des larmes... Sa vie pourrait être contée comme un authentique mélodrame : le petit garçon d’une mère très pauvre, alcoolique mais excellente cuisinière, passa les premières années de sa vie dans une maison bourgeoise; à l’âge de huit ans, il fit la conquête de la fille d’une directrice de cirque avec lequel il gagna São Paulo, là il se fit engager dans la Companhia Negra de Revistas dont il devint le tout jeune présentateur puis il fut adopté par la famille d’un avocat, qui lui permit de faire des études. Le rêve du théâtre le mena jusqu’à Rio. Il y vécut la “bohème” en compagnie des chanteuses et des musiciens qui inventèrent la légende du samba, en même temps qu'il s'imposait comme un grand acteur.
Avec audace et intuition, Sebastião a forgé son destin et transformé sa vie en épopée baroque. En 1935, un metteur-en-scène lui donne le nom “The Great Othelo”. Grand sans doute en raison de son mètre cinquante. En 1942, il fascine Orson Welles qu'il entraîne au cœur des quartiers populaires. Mais le film It’s All True ne sera jamais terminé. À l'époque, l'acteur a déjà des rôles importants au cinéma. Pour Atlântida, il est Moleque Tião (1943), puis il incarne celui qui refuse d'être "un noir à l'âme blanche, un fantôme", (Tambem somos irmãos. 1949). Il est fabuleusement drôle en duo avec le blanc Oscarito dans les chanchadas, comédies musicales et burlesques. À l'époque où l'on ne voit que des blancs à l'écran, il est la grande et glorieuse exception. “J’ai conscience d’avoir un peu ouvert la voie. Mais j'étais toujours le second sur l'affiche."
Grande Othelo multiplie les créations : des personnages dont il campe la dégaine, les attitudes et le parler avec un art de la stylisation qui dépasse le naturalisme et esquisse une démesure poétique. C'est ainsi qu'il transforme le sambiste de Rio Zona Norte en figure emblématique. Il révèle la fragilité de ses personnages, leur conférant une intense humanité. Son corps vif est l’axe du cadre, sa voix est contrepoint et musique, son sourire illumine la scène. Il risque chaque prise avec souplesse et panache. Il alimente la tension entre l'acteur et le personnage. Il agrandit l’espace où d’autres se perdent. Inoubliable "héros sans caractère" Macunaïma, Othelo contribue beaucoup au succès populaire de ce chef d'œuvre tropicaliste. Si l'Esthétique de la Faim, prônée par Glauber Rocha, néglige ce petit-grand noir, le public et les cinéastes le réclament. Il joue dans les films Udigrudi (underground radical et explosif) notamment ceux de Bressane, il participe aux rares productions importantes des années sombres et joue beaucoup à la télévision.
Sa célébrité, ajoutée aux terribles épreuves de sa vie, l’ont placé dans une glorieuse marginalité. La solitude est son habit de lumière et de gloire depuis qu’il est enfant. En Novembre 1993 le Festival des Trois Continents va lui rendre hommage, en présence d’acteurs et de cinéastes noirs du monde entier. Grande Othelo est fatigué, triste : Je somatise le Brésil… mais si c’est pour ma race, je viens.” Il est foudroyé par une crise cardiaque à sa descente de l’avion. Son corps était si frêle, son coeur était trop lourd, son âme était très grande.


JOEL ZITO ARAUJO
Auteur / Réalisateur / Producteur
Réalisateur et producteur, Joel Zito Araujo est l'un des très rares cinéastes afro-brésiliens, le plus connu et aussi l'un des plus engagés. Il a réalisé nombre de documentaires – notamment Negação do Brasil sur la place des Noirs dans les telenovelas - et une fiction Filhas do Vento, au casting intégralement noir, qui a remporté plusieurs prix en 2004. Son dernier long-métrage Raça est un documentaire radical sur les combats des afro-brésiliens pour l'égalité sociale et politique. Il exige du gouvernement des actions volontaristes contre les discriminations.

MANU DIBANGO
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RAY LEMA
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Ray Lema, pianiste, multi-instrumentiste, compositeur et chef d'orchestre est né en pays Kongo (actuelle RDC). Arrivé en Europe au mitan des années 80, il a été un des artisans des nouvelles fusions africaines. Il a publié une vingtaine d’albums, tous différents les uns des autres, tous marqués par un langage musical très personnel. Ray Lema musicien voyageur aime les rencontres de Stewart Copeland (ex-batteur de Police) aux Voix Bulgares, en passant par les Tyour Gnaoua d’Essaouira et l’Orchestre de Chambre de Sundsvall en Suède, ou encore au Brésil avec le chanteur et compositeur Chico César et plus récemment en soliste invité de l’Orchestre Jazz Sinfônica de São Paulo. Il a reçu plusieurs prix et distinctions pour l’ensemble de sa carrière, dont un Django d’Or et un Grand Prix Charles Cros de la Musique 2013.

BELMIRO CARLOS
...

Belmiro Carlos, guitarriste et compositeur angolais, secrétaire général de l'UNAC, (Union des Artistes et Compositeurs).
Après avoir fait partie du groupe Africa Show de José Massano et Teta Lando, Belmiro Carlos a été un des piliers du groupe Kissanguela, qui de 1975 a 1977 révolutionna la musique angolaise. Belmiro en est alors le guitariste solo et il est aussi arrangeur et compositeur de titres qui s'inspirent de diverses matrices traditionnelles pour inventer une musique nouvelle “de l'an 2000”. Après plus de 30 ans d'absence musicale, il vient de lancer le CD Belos Rumos, des titres instrumentaux qui explorent les riches sonorités, africaines et atlantiques, des guitares angolaises.